mardi 21 novembre 2017

Paris_Saint Eustache


Lors de notre séjour à Paris en septembre dernier nous visitons le quartier des Halles de Paris.

Au cœur du quartier se trouve l'église saint Eustache.
Le commerce de gros qui alimentait la capitale au XIIe siècle s'est installé dans ce quartier connu aujourd'hui sous le nom des "Halles".
L'église accueillait les corporations et confréries qui structuraient le quartier.

Les fondations d'une chapelle, la chapelle sainte Agnès remontent au XIIIe siècle. Un texte de 1213 la mentionne.
En 1223, la chapelle prend le statut d'église et en 1303 elle devient église paroissiale Saint Eustache en raison des reliques offertes par la basilique saint Denis. Elle garde néanmoins Sainte Agnès comme sainte patronne.
La légende de Saint Eustache : le général romain Placide rencontre une harde de cerfs lors d'une partie de chasse. Il s'approche du plus beau pour le tuer et s'aperçoit qu'il porte un crucifix entre ses bois. La croix lui dit qu'elle vient pour le sauver. Reconnaissant la croix des chrétiens, Placide et sa famille se convertissent au christianisme et Placide prend le nom d'Eustache. Condamnés à mort par l'empereur Hadrien, Eustache et sa famille meurent en martyrs.
En 1532, selon le vœu de François 1er, l'église a été reconstruite.La première pierre de l'édifice actuel est posée le 19 août 1532 par Jean de la Barre, prévôt des marchands. C'est le début d'un siècle de travaux.
Ils sont successivement confiés à Boccador, Nicolas Le Mercier et Charles David, gendre de Nicolas le Mercier.
Elle est bâtie dans un style gothique en pleine Renaissance, l'objectif était de faire du gothique avec du plein-cintre. En raison de difficultés de financement la construction est ralentie et même interrompue.
Ce n'est qu'en 1633 qu'elle est terminée et en 1637 qu'elle est consacrée par monseigneur de Gondi, archevêque de Paris.

L'église a longtemps été considérée comme une église royale en raison de sa proximité avec le Louvre, haut lieu de la monarchie.
Elle est classée monument historique en 1862.

Au fil des siècles elle est remaniée plusieurs fois. Les plans nous montrent l'évolution entre 1642 et 2015.
Plan-de-l'église-en-1642

Plan-de-l'église-en-2015

L'église Saint-Eustache s'articule autour d'une nef à cinq travées et d'un transept. Elle est flanquée de bas-côtés doubles, d'un chœur entouré d'un double déambulatoire et de 24 chapelles.
Les dimensions de l'église rappellent celles de la cathédrale Notre-Dame ;
Elle est toutefois moins longue et moins large, mais sa hauteur sous voûte est supérieure et impressionnante.
Longueur extérieure : 105 mètres.
Largeur extérieure (au niveau du transept) : 43,5 mètres.
Hauteur sous voûte : 33,46 mètres.

Le chœur est de style renaissant.

Dans l'abside nous voyons neuf remarquables vitraux de 1631 d'Antoine Soulignac.

L'église Saint-Eustache a été le lieu de nombreux baptêmes, mariages et sépultures de grandes personnalités.
Elle voit le baptême de Richelieu en1585, de Molière en 1622, de Madame de Pompadour en 1721....
Louis XIV y fait sa première communion vers 1649.
S'y sont mariés Sully en 1583 avec Anne de Courtenay, Lully en 1662 avec Madeleine Lambertet.
Le corps de Mirabeau est déposé dans l'église le lendemain de sa mort, le 3 avril 1791, où Joseph-Antoine Cerutti prononce son oraison funèbre, avant que la dépouille ne soit transférée au Panthéon.
Y sont inhumés Claude Favre de Vaugelas (1650), Colbert (1683), Scaramouche (1694), l'amiral de Tourville (1701), Mme de Tencin (1749), Marivaux (1763), Rameau (1764), François de Chevert (1769). Les obsèques de La Fontaine (1695), Anna Maria Pertl, mère de Mozart (1778) et de Mirabeau (1791).
La 6e chapelle choeur nord, est la chapelle familiale de Colbert. Elle contient le mausolée funéraire de Colbert conçu par le Lebrun et sculpté par Coysevox. Les deux figures allégoriques qui entourent Colbert, ministre de Louis XIV représentent à gauche la Fidélité (au roi et à Rome) et à droite la Foi dite parfois l'Abondance. Le monument est de style baroque.

Avant de nous diriger vers Beaubourg nous pouvons admirer sur le parvis de l'église une très belle sculpture de Henri de Miller (1953-1999)
Son nom : "Ecoute" sculptée en 1986


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

vendredi 10 novembre 2017

Voyage en terres Balkaniques : l’Albanie_11e jour_Tirana



La dernière journée en Albanie est consacrée à la découverte de la capitale albanaise Tirana.

La place Skanderberg, est une vaste esplanade du centre de Tirana qui constitue un centre prestigieux par sa surface imposante, ses jets d'eau, ses jardins, sa statue équestre du héros national Skanderberg et ses monuments qui l'entourent.

Les bâtiments qui l’entourent sont de styles divers, nous voyons des immeubles de style fasciste (héritage de l'occupation italienne), des bâtiments modernes relevant de l'esthétique soviétique (témoignages de la période communiste), des constructions plus anciennes d'origine ottomane et des constructions contemporaines (des banques, l'opéra, le musée national historique…).

Le centre de l'esplanade est occupé par une statue équestre en bronze de Skanderbeg, inaugurée en 1968 à l'occasion des cinq cents ans de la mort de Skanderbeg.

Jusqu'en 1991, la place abritait la monumentale statue du dictateur Enver Hoxha.

Sur la place se trouve aussi la mosquée Haxhi Etëhem Bey, bâtie au 18e siècle. Son minaret élancé et sa tour horloge étaient alors visible de tous les endroits de la ville.

La mosquée est classée monument culturel, son architecture est ottomane. Elle a été bâtie à partir de 1794 sous la direction de Mollah Bey d'abord, pour se terminer en 1821 sous la direction de son fils Et'hem Pacha. Elle se compose d'une salle de prière de plan carré, surmontée d'une coupole reposant sur une série d'arches en plein cintre.
L'intérieur est entièrement couvert de fresques, aux motifs végétaux, inspirés de l'art islamique turc.
En 1821, Et'hem Bey entame la construction, à quelques mètres de la mosquée, de la Tour de l'Horloge.

Toujours sur la même place se trouve le musée national historique inauguré en 1981.

Il retrace l'histoire albanaise depuis le paléolithique jusqu'à l'époque contemporaine.

Le bâtiment est inspiré de l’esthétique soviétique. Le fronton est recouvert d’une mosaïque monumentale représentant « l’élan du peuple albanais vers son indépendance et son identité ». Il est imposant avec une superficie de 27 000m2.

Les collections sont présentées chronologiquement.Le rez-de-chaussée est consacré aux périodes préhistoriques, grecques et romaines avec la Déesse de Butrint et la Belle de Durrës.

Le premier étage est consacré au Moyen Âge. Nous voyons aussi une exposition consacrée à la Résistance albanaise, la Libération et la vie pendant la période communiste. Comme souvent en Albanie les photos sont interdites à l’intérieur.

Le musée est dédié à mère Térésa, native d'Albanie

Nous visitons aussi la galerie des beaux-arts aux belles dimensions. Crée en 1974 et restauré en 2009-2010, ce musée est consacré aux expositions temporaires.

Les salles sont spacieuses et bien éclairées ce qui rend la visite fort agréable.

Dans les salles d'expositions permanentes nous pouvons voir d’abord les débuts de la peinture dans les villes albanaises (1883-1930), c'est le début de la peinture non religieuse.
Ce sont des natures mortes, des portraits et des scènes de vie de village.
Sont également exposées des peintures réalistes, ce sont des artistes issus de la 1ère école d'art de Tirana fondée en 1931.
Kolë Idromeno (1860-1939) Notra Trone-1883

andrea kushi (1884-1959)

Kujtin Buza

Danish Juknin

Kujtim Buza

Sali Shijaku

Simon Rrota (1887-1961)

Fatmir Thaci

Ksenafon Dilo_Gjirokastra

Bashkim Ahmeti_Gjorokastra

Arben Basha

Des peintures de propagandes sous l'influence du réalisme socialisme importé d'URSS.
Spiro Kristo-1936

Isuf Sulovari_1934-2006

Isuf Sulovari_1934-2006

Bajam Mata_1940-1983

Vangjush Tushi_1914-1982

Ismail Lulani_1933-2002

Petro Kokusha_1943-

Isuf Sulovari_1934-2006

Arben Basha_1947-_1934-2006

Skënder Milori_1941-

Vilson Kilica_1932

Ismail Lulani_1933-2002

Des oeuvres sur Skanderbeg, le héros national
Odhise Paskali- bronze

Kel Lzoheli_1974

Zef Shoshi_1978

Et de peintures et sculptures modernes de 1989 à nos jours.
Adnan Bushati

Ilir Hoxha

Vladimir Kaçam

Abdurrahim Buzal

Abdurrahim Buzal

Agim Zajmi

Fatos Palushi

Après le musée nous nous rendons vers la maison du dictateur qui est tout à fait insignifiante et est en train de tomber en ruine.
Elle jouxte des ministères

et le centre moderne avec ses banques et son nouveau centre commercial.
 

et bien sûr tout cela sous l’œil des blockhaus qu'Enver Hoxha avait fait construire dans tout le pays pour se protéger de l'envahisseur !

Pour finir le voyage notre dernier dîner est accompagné de danses folkloriques.

Notre voyage grandement apprécié s'achève, et je souhaite conclure ces 10 journées de mon blog par une présentation sommaire de l'Albanie.
L’Albanie constituée en tant Qu’État après les guerres balkaniques, en 1913, est un petit pays par sa surface (pas plus grand que la Bretagne) et par sa population (3 millions d’habitants). La diaspora est très importante.
Les Albanais, descendants des Illyriens, ont connu successivement la présence des Grecs et des Romains dans l’Antiquité et vécus sous la domination byzantine puis ottomane. Pour accéder à l’indépendance l'Albanie a dû, non seulement se libérer du joug ottoman, mais aussi résister aux fortes prétentions de ses voisins serbes, grecs, monténégrins et bulgares.
En raison de sa position géographique, son histoire a été marquée pendant l’entre-deux guerres par les vues hégémoniques de l’Italie et de l’Allemagne.
Le pays sort de 45 ans d’isolement absolu dû à la politique menée par le dictateur Enver Hoxha. Après l’effondrement du régime en 1991 une guerre civile a suivi en 1997.
Convertie majoritairement à l'Islam par les Turcs, l'Albanie compte actuellement quatre religions qui cohabitent aujourd’hui sans difficultés : les Musulmans, les Orthodoxes, les Catholiques et les Bektachi (confrérie musulmane proche du soufisme).
L'Albanie est aujourd’hui un État libéral : régime parlementaire avec un Président de la République, un Premier ministre et une assemblée composée de 140 députés, élus pour 4 ans au suffrage universel direct.
Elle doit se reconstruire car elle est sortie grandement affaiblie de la période de dictature, et de l’héritage communiste.
La privatisation est définitivement achevée. Au niveau économique, l'Albanie est principalement un pays agricole (51 % du PIB).
L'isolement d'un demi-siècle n'a pas permis au tourisme de se développer mais deviendra souhaitons-le une de ses ressources principales dans les prochaines années.
C’est un pays à découvrir.
Ses paysages sont magnifiques (Montagnes, plaines et mer), ses sites historiques extraordinaires (Kruja, Apollonia, Butrint…), ses habitants sont serviables, courtois et avenants.
Les connaissances approfondies de notre guide Eduart dans tous les domaines (histoire, art, architecture...), sa pédagogie et sa grande disponibilité, la virtuosité de conduite et la bonne humeur de notre chauffeur Reshat, ont rendu notre voyage agréable et parfaitement réussi.
Qu’ils en soient remerciés.



Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze