mercredi 20 décembre 2017

Hokusai et autres paysages japonais et 113 Ors d'Asie au Musée Guimet à Paris

Lors de notre dernier passage à Paris en septembre dernier, nous avons eu la chance de voir deux belles expositions au musée national des arts asiatiques aussi appelé musée Guimet :
- Hokusai et autres paysages japonais
- et 113 Ors d'Asie

L’art de l’estampe est né dans l'empire chinois au VIIIe siècle, sous la dynastie Tang.

Au Japon, l’installation du gouvernement à Edo l’actuelle Tokyo en 1602, marque la fin des guerres incessantes entre les seigneurs, et le début d’une longue période de paix.
Face aux samouraïs une nouvelle classe sociale nait composée de d’artisans et de commerçants...

Les marchands fortunés accèdent à l’art grâce à l’estampe, (art qui permet de reproduire une œuvre en plusieurs exemplaires et d’en diminuer le prix).

L’estampe d’abord utilisée pour illustrer des livres, acquiert son autonomie grâce au peintre Moronobu, qui, vers 1660, publie des illustrations sous forme de feuillets détachés, indépendants et sans texte, sur lesquelles il ajoute sa signature.

Au XIXe siècle, grâce aux expositions universelles, les Occidentaux découvrent l'art japonais, et les estampes, peinture sans perspective.
Par le biais du Japonisme, Hokusai influence de nombreux artistes : Toulouse-Lautrec, Van Gogh en passant par Gustave Moreau ou Claude Monet.
Les impressionnistes collectionnaient les estampes (Van Gogh en possédait 400) et s'en sont fortement inspirés pour leurs œuvres.

Ils reprennent à leur compte les techniques de l'estampe :

Tout d'abord le cadrage par le démantèlement de la nature et le 'hors champs",
Ensuite ils utilisent la technique du plongeant avec une chose tronquée en 1er plan,
Mais aussi la formation en hauteur,
Les piliers,
Le quadrillage,
Les codes d'attitude et de mouvements,
Les ponts...
Katsushika Hokusai est né le premier jour du cycle sexagésimal du neuvième mois de l'année métal-aîné-dragon de l'ère Hōreki (le 31 octobre 1760) à Edo (actuel Tokyo),
et mort le dix-huitième jour du quatrième mois de l'ère Kaei, an II (le 10 mai 1849) dans la même ville.
C'est un peintre, dessinateur spécialiste de l’ukiyo-e, graveur et auteur d'écrits populaires japonais surtout connu sous le nom de Hokusai, ou à partir de 1800, de son surnom
Gakyōjin, « le Fou de dessin ».

En 1814, il publie son Manga regroupant croquis et dessins.
En 1831, La Grande Vague de Kanagawa est la première des 46 estampes composant les Trente-six vues du mont Fuji, l'une des œuvres majeures de Hokusai.
Le peintre japonais laisse derrière lui près de 30 000 dessins.

L'ukiyo-e est un mouvement artistique japonais qui apparaît au Japon au 17e siècle. Les estampes racontent la vie du monde "du monde flottant". Les dessins sont gravés sur du bois puis imprimés. C'est le début des techniques de l'estampe qui permettent une reproduction sur papier moins coûteuse que les peintures.
Les thèmes de l’ukiyo-e sont nouveaux : des jolies femmes, des courtisanes, des scènes érotiques, des lutteurs de sumo, des créatures fantastiques, des paysages célèbres.
L'ukiyo-e appartient à deux époques majeures de l'histoire artistique du Japon :
- la période Edo (1603-1868) avec une peinture populaire et narrative et surtout les estampes japonaises gravées sur bois.
- puis l'ère Meiji qui se poursuit jusqu’en 1912.

Au musée Guimet, l'exposition dont le thème est "Hokusai et autres paysages japonais" expose des estampes d'Hokusaï mais aussi des estampes d'autres grands maîtres japonais comme Utagawa Kuniyoshi, Kitagawa Utamaro, Utagawa Hiroshige...

Pour la bonne conservation des estampes elles sont exposées avec une lumière tamisée et faible, d'où le manque de qualités de mes photos.
lieux célèbres de la capitale de l'est_Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) époque Edo 1833-1834

Nichiren à Tsukahara dans l'île de Sado_Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) époque Edo 1831-1835

Utagawa Kuniyoshi (1798-1861)_53 relais Tokaido

le port et la crique_Utagawa Hiroshige (1797-1858)

sélection de 6 espèces florales : chrysanthèmes et rivière_Utagawa Hiroshige (1797-1858)_époque Edo 1856

vue enneigée dans l'enceinte du sanctuaire Kanda Myojin à shiba_Utagawa Hiroshige (1797-1858) époque Edo 1840

vue enneigée dans l'enceinte du sanctuaire Kanda Myojin à shiba_Utagawa Hiroshige (1797-1858) époque Edo 1840

procession vers le sanctuaire de la divinité Benzaïten_Utagawa Hiroshige (1797-1858) époque Edo 1851

voyage au fil des cascades des différentes provinces_chutes d'eau de Kirifuri au Mont Kurokawi_Katsushika Hokusai (1760-1849) époque Edo 1832-1833

Passereau et magnolia_Hokusai (1760-1849) époque Edo 1849

hirondelle et pie-grièche au dessus de fraisiers et bégonias_Hokusai (1760-1849) époque Edo 1849

Tant au japon qu'en Chine, la peinture du paysage (montagne et eau) montre la conception taoïste de l'Univers en opposant le yin et le yang.

Les 36 vues du Mont Fuji (montagne sacrée) de Katsushika Hokusai, et de la vague est la démonstration de cette conception.
Trente six vues du Mont Fuji par Hokusai (1760-1849)

vent frais par matin clair_Kajikazawa dans la province de Kaï_époque Edo 1831-1832

Le Fuji vu de la terrasse du sazaido, temple des cinq cents Rakan_époque Edo 1831-1834

Mont Fuji au-dessus des nuages_issu d'une suite de 3 surimono décrivant "3 rêves superstitieux pour la nouvelle année"_ Totoya Hokkei (1780-1850)



Le musée Guimet présente une deuxième exposition : "113 Ors d'Asie".

 

Elle montre 113 œuvres composées de sculptures, de bijoux, de poteries ou vêtements, ayant tous en commun le métal le plus précieux.

Ces 113 chefs-d’œuvre ont été choisis parmi la collection du musée. Certains ont même été restaurés pour l'occasion.

Les pièces exposées viennent de Corée, du Japon, du Vietnam, de la Chine, du Tibet ou du Népal.

Elles montrent la place qu'occupait l'or dans le continent asiatique qui était un métal rare et qui était utilisé avec parcimonie.

L'Avalokiteshava (compassion infinie), provenance du Vietnam est de l'époque Lê (fin 18e siècle-début 19e siècle), est en bois recouvert d'une couche de laque d'or.

Légende tirée de L'image Bouddha Avalokiteshvara :
L'origine d'Avalokita à 1000 bras remonte à un épisode très populaire de la vie du bodhisattva.
Lorsqu'il entreprit d’œuvrer pour le bien des êtres, il fit, en présence d'Amitabha le vœu suivant :
"Aussi longtemps qu'un seul être n'aura pas atteint l'éveil, j’œuvrerai pour le bien de tous.
Si je venais à manquer à cet engagement que ma tête éclate en dix morceaux, que mon corps se brise en mille parties!"
Pendant une durée incalculable, le corps d'Avalokita émit six rayons de lumière qui produisirent d'innombrables émanations travaillant à soulager les souffrances.
Après avoir ainsi œuvré durant des kalpas, Avalokita regarda s'il restait encore beaucoup d'êtres à libérer dans le samsara.
Hélas! Il lui sembla que leur nombre avait à peine diminué; découragé, il jugea sa tâche inutile, mieux valait arrêter.
Cette pensée ruina sa promesse.
Aussitôt, son corps et sa tête se brisèrent.
La douleur fut grande. Il appela Amitabha à son secours. Celui-ci apparut immédiatement devant lui et l'exhorta à reprendre son activité bénéfique.
Pour lui donner plus de puissance encore, il recomposa sa tête en lui donnant dix visages, neuf paisibles et un irrité, afin qu'il puisse poser son regard de compassion dans toutes
les directions simultanément et il couronna l'ensemble d'une réplique de sa propre tête pour signifier qu'il serait toujours chez lui.
Prenant ensuite les morceaux du corps, il en fit un nouveau corps d'où rayonnaient mille mains marquées de mille yeux de compassion."
Cet Avalokiteshava de l'époque Koryo, 10e-11e siècle provient de Kyongsangbuk-do en Corée.


La main de Bouddha du 5e-7e siècle provient d'Afghanistan. Elle est modelée en terre et dorée. Elle proviendrait de Bamiyan, un centre monastique qui se situait sur la route de la soie.
Boudha assis du Japon, fin de l'époque Heian (2e moitié du 12e siècle), en bois laqué.

 

Un magnifique Cosmogramme du 18e siècle, de Chine du nord, avec au centre le Mont Meru.
Un Cosmogramme est un mandala d'offrande au monde, il se compose d'un tambour avec
au centre le Mont Meru, montagne mythique considérée comme le centre du monde dans la cosmologie bouddhique. Elle est surmontée d'un stupa et entourée d'un ensemble de divinités dansantes, symboles de la lune et du soleil. Les douze petits édifices regroupés par trois représentent les quatre continents-îles selon la tradition indienne du monde. Les océans sont gravées autour.

Kannon Basatsu compte parmi les divinités vénérées au Japon. Debout sur un socle il tient dans la main gauche la fleur de lotus. Il représente les vertus de complaisance et de compassion. Provient du Japon, de la 2e partie de l'époque Heian, 1er moitié du 12e siècle. Bois de cyprès, recouvert de feuille d'or.

Virupaksha, roi gardien de l'Ouest, dont la cuirasse est étincelante d'or, de turquoises et de lapis-lazuli. Il provient du Tibet, 15e siècle. La technique utilisée est un amalgame d'or et de mercure chauffé jusqu'à évaporation du mercure et ne laissant que l'or. Cette technique est extrêmement nocive à la santé, mais donne un résultat étincelant. Elle a été pratiquée dans les zones himalayennes.
 
Bouddha de Chine, dynastie Ming (1368-1644). 

C'est une divinité du bonheur, de la prospérité et de l'abondance.
Souriant, le ventre bedonnant il est toujours porteur d'un sac de pièces, d'un bâton et parfois d'un chapelet et d'un éventail.

"Le bouddha Amida s'en venant accueillir l'âme d'un fidèle mourant". Amida est entouré de Kannon Bosatsu et Seishi Bosatsu. Œuvre provenant du japon de l'époque de Lamakura, 14e siècle, recouverte de feuille d'or.

Bouddha Maravijaya, art Thaï de Bangkok, de la 1ère moitié du 19e siècle. Cette représentation montre le Bouddha au moment de l'éveil; victorieux de Mara (la mort et l'ignorance) appelle la terre à témoin de sa victoire en la touchant de sa main droite.

Nous voyons également des objets, fastes du pouvoir.
Un bonnet en textile recouvert d'or, de perles et de pierres précieuses. Provenant d'Inde du début du 19e siècle.
 

Un ornement de turban, provenant du Punjab du début du 19e siècle. Il est en or, diamants, émeraude et émaux colorés.
 

En provenance d'Inde du sud, un magnifique pendentif en forme d'oiseau aux ailes déployées. Il date de la première moitié du 18e siècle. Nous voyons là une technique de sertissage Kundan, avec or, rubis, diamants, émeraudes et perles
 

 Poignée d'épée à décor d'éléphant et de tigre d'Inde Rajasthan du 19e siècle. En acier avec des incrustations d'or et de rubis.
 

Tête de lance en forme de faucille en acier avec des incrustations d'or. Provient d'Inde-18e siècle

L'exposition montre aussi des pièces de monnaie en or, des bijoux finement sertis, des vêtements d'apparat et des kimonos de mariage en soie et satin finement brodés au fil d'or, des boîtes à encens, des tables incrustées, des écritoires décorés...
La liste est longue de toutes ces superbes pièces exposées, en provenance de divers pays d'Asie et de différentes périodes.

Les deux expositions étaient absolument extraordinaires par la beauté, la qualité et la diversité des œuvres.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

samedi 9 décembre 2017

Exposition des gravures de Rembrandt au couvent Ste Cécile à grenoble


A l'initiative de Geneviève B de l'ARDDS nous avons pu assister à une visite guidée de l'exposition des gravures de Rembrandt qui se tient au couvent Sainte Cécile à Grenoble.
Pour le commentaire ci-dessous je m'inspire de la présentation que nous a fait Caroline, guide à l'office du tourisme.

Contrairement à mon habitude, je ne présenterai pas de photos des œuvres, les photos étant interdites...dommage !

Le couvent Sainte-Cécile et sa chapelle ont été construits au XVIIe siècle, pour les religieuses des Bernardines de Grenoble.
La première pierre est posée le 22 novembre 1624, jour de la Sainte-Cécile, qui donne ainsi son nom au couvent.

Pendant la révolution le couvent a servi d'atelier de fabrication de costumes militaires.
Au XXe siècle le couvent a abrité à partir de 1925 une salle de cinéma, puis après la seconde guerre mondiale la chapelle devient un bar dancing nommé L’Enfer et en 1974
la chapelle est transformée en théâtre "Le Rio" d'abord dirigé par le célèbre Georges Lavaudant puis par Yvon Chaix.
Le théâtre ferme ses portes en 1999.
Le site a été acquis par Jacques Glénat en 2004 dans le but de le restaurer et d'en faire le siège social des éditions Glénat et de la Fondation et du Fonds de Dotation Glénat.
Dans la chapelle, le grand retable en bois a disparu à la Révolution. Aujourd'hui il est remplacé par "un retable" de livres, composé d'un exemplaire de chaque publication Glénat.

En 2017, le Fonds Glénat pour le Patrimoine et la Création acquiert la collection de 68 gravures originales de Rembrandt que s'était constitué le britannique Neil Kaplan.

Le Fonds expose, en avant première, jusqu'au 16 décembre 2017 (prolongation jusqu'au 06 janvier 2018), dans le cloître du Couvent la collection des 68 œuvres .
C'est exceptionnel car à partir de 2018, pour la protection du papier, elles ne seront présentées que par tiers annuellement.

Rembrandt van Rijn est né le 15/07/1606 à Leyde aux Provinces-Unies et est mort le 04/10/1669 à Amsterdam aux Provinces-Unies .
Il est célèbre sous son seul prénom et est un des plus grands peintres de la peinture Baroque et de l'École hollandaise du XVIIe siècle.
Il a réalisé près de 400 peintures, 300 eaux fortes (dont 68 à Grenoble) et 300 dessins.
Il a réalisé une centaine d'autoportraits y compris des gravures où il se montre sans complaisance pour lui-même, mais aussi des portraits de sa femme Saskia, de son fils Titus et de sa deuxième concubine Hendrickje Stoffels.
autoportrait-agrandissement effectuée pour l'expo

La visite commence par l'explication de la technique de gravure qu'utilisait Rembrandt.
Il tirait lui-même ses gravures sur des supports variés, du papier chiffon d’origine française ou européenne, des papiers orientaux plus fins qui venaient de Chine ou du Japon mais aussi du parchemin.
Il commençait par poser un vernis qu'il avait mis au point sur la plaque de cuivre et exécutait un premier dessin à la pointe sèche.
Il trempait la plaque dans de la cire et passait l'encre qui s’imprégnait. Il posait le papier sur la plaque et passait le rouleau. Le travail était fait à l'envers.
Les parties blanches étaient celles qui étaient protégées par le vernis.
Le dessin était repris plusieurs fois.
une plaque de cuivre

Pour graver la plaque de cuivre il utilisait 4 types d'outils : le burin (1), l’ébarboir(2), le brunissoir (3) et la pointe sèche (4).
La pointe sèche est une pointe d'acier qu'il utilisait pour accentuer ou moduler les ombres et pour donner l'aspect velouté.
Le brunissoir est un outil en acier à lame aplatie et arrondie qui lui servait à effacer les barbes ou les traits indésirables .
Il utilisait l’ébarboir pour gratter et pour faire disparaître les barbes, et le burin outil à pointe carré pour donner plus de vigueur à ses gravure.

Il reste de nos jours 70 plaques de Rembrandt dispersées chez des collectionneurs.

Quand nous entrons dans la chapelle nous voyons deux grands agrandissement de gravures : Abraham caressant Isaac (environ 1637) et Le christ prêchant (environ 1652).
Nous pouvons être admiratifs de la netteté du traits de ces très beaux agrandissements sachant que les gravures originales ne mesurent que quelques centimètres.

La représentation de Abraham caressant Isaac est tirée de l'Ancien Testament. Rembrandt avait perdu 3 enfants, il ne restait qu'un fils, Titus. On ressent toute la tendresse d'un père protecteur qui tient contre lui son enfant rieur qui tient une pomme.
Avec des traits, des jeux d'ombre et de lumière il nous montre la texture ses vêtements mais aussi leurs détails de plissés et d'accessoires comme les grelots au bas de la robe de l'enfant (d'usage à ce moment là).

Le Christ prêchant dit aussi la petite tombe représente un groupe positionné de façon circulaire autour du Christ.
Avec des traits il met en scène des personnages tous différents par leur physionomie, par leurs attitudes, par leurs costumes, par leurs expressions, par leurs regards.
Avec les zones d'ombres et de lumières il donne une impression de volume, de profondeur et d'espace à la scène.
Au sol, un enfant dessine, ce serait la représentation de lui-même enfant.

Après la chapelle, nous nous rendons dans le cloître où sont exposées les 68 gravures du Fonds Glénat.

Elles sont exposées par thèmes.
Tout d'abord, nous voyons les portraits : Rembrandt représente des marchands, des artisans, des prédicateurs, des bourgeois protestants... Selon le métier, la fonction de chacun, l'habillement, les attitudes, les expressions sont différentes. Il réussit à donner aux visages les états d'âmes de chacun des personnages.

Ensuite, est exposée une série d'autoportraits et de portraits de membre de sa famille, dont son père et sa mère.

Les sujets religieux font suite. Les protestants ne voulaient pas de représentations religieuses. Rembrandt passe outre et privilégie cette représentation avec plus de 80 gravures. Il s'inspire de l'Ancien et du Nouveau Testament. Il a représenté toutes ces scènes bibliques avec beaucoup de sensibilité.
Nous continuons avec les scènes de genres, avec la représentations des métiers : des marchands, des musiciens...
Des mendiants sont représentés avec beaucoup de dignité, un marchand de morts-aux-rats est représenté de façon exceptionnelle avec moult détails.

L'exposition se termine avec des gravures de nus. Rembrandt a exécuté 6 gravures de nus. Sa volonté était de montrer des corps déformées, usées mais avec un modelé élégant. Il prenait pour modèle ses servantes.

Cette exposition d'une grande beauté dans un superbe écrin est riche d'enseignement.
Sur des gravures ne mesurant que quelques centimètres carrés, Rembrandt réussit à rendre les traits des visages de manière fidèle ainsi que leurs expressions. On peut dire que les visages et les scènes sont "vivants",
Les tissus de l'habillement sont variés dans leurs effets et leurs tons.
Avec l'utilisation de la technique du clair-obscur inspirée du Caravage il réussit à donner aux dessins du contraste et de la profondeur.

Le génie de Rembrandt est de nous montrer avec finesse l'âme des personnages.



Texte de Paulette Gleyze


Photos de Paulette et Gérard Gleyze


jeudi 7 décembre 2017

Les trésors cachés du XVIIe siècle à Grenoble


L'architecte a conçu la façade sur le modèle de l'église de Jésus à Rome construite en 1569.

Avec un guide de l'office du tourisme de Grenoble nous découvrons des lieux patrimoniaux grenoblois du XVIIe siècle habituellement fermés au public.

Nous voyons tout d'abord la chapelle des Jésuites, à l'intérieur du Collège et Lycée Stendhal qui était le collège des jésuites au XVIIe siècle. La chapelle du XVIIe a conservé sa jolie façade classique construite avec de la pierre de Sassenage et de l'Echaillon.
Les Jésuites s'installent à Grenoble en 1623. Ils construisent le collège en 1661 et ils entament la construction de la chapelle en 1660 avec l'aide financière des seigneurs dauphinois et de Louis XIV. Elle est terminée en 1666.
La façade a été construite construite au début du XVIIIe siècle par Hoste de 1705 à 1707 , mais les niches, les volutes, les chapiteaux corinthiens, le fronton triangulaire... sont dans le style des canons de l'architecture du XVIIe siècle.
Dans les niches de la façade il y avait avant la Révolution , les statues des quatre évangélistes, de Ignace de Loyola et de Saint-François-Xavier, les fondateurs du mouvement jésuite.Façade de la chapelle est inscrite aux monuments historiques depuis le 26 février 1964.

Nous pouvons parfaitement voir les ornements classiques du XVIIe siècle sur la porte d'entrée de l'escalier monumental :
le décor avec les oves, le décor floral, les feuilles d'acanthes, les feuilles de chêne (symbole de la force et de la puissance), les feuilles d'olivier (gloire et victoire). La porte est l’œuvre de Pierre Jourdan, hélas peinte lors du dernier ravalement.

La voûte d’arête de l'entrée est typique du XVIIe siècle.

Outre la chapelle, le collège des Jésuites abrite une horloge solaire datant de 1673 réalisée par l'astronome, le père Bonfa.
Cette horloge, unique en son genre, est un extraordinaire cadran à réflexion (avec 2 petits miroirs fixes) fournissant de très nombreuses informations, dont une grande partie est liée à l'astrologie.

Cette fresque restaurée en 1984 est classée au titre des monuments historiques en 1920.

La chapelle abrite aujourd'hui le centre de documentation et d'information du collège/lycée Stendhal.
En 2000, des travaux sont entrepris dans la chapelle pour remettre à jour le plafond d'origine. En effet le plafond était si haut qu'en 1802, la municipalité de Grenoble décide d'installer un étage. Au rez de chaussée ce sera le gymnase du collège de jeune fille et à l'étage on y installe le musée.

La destruction de ce plancher a permis de mettre à jour les frises à rinceaux qui étaient cachées pas le plancher.
La chapelle était sobre avec beaucoup de majesté, construite sur le modèle de la chapelle de Conflans en Savoie. Elle a été consacrée le 31/12/1664
Elle était constituée de 6 chapelles financées pas des notables grenoblois qui utilisaient aussi ces chapelles comme tombeaux pour leurs familles. Le retable en bois était de Pierre Jourdan.

Nous nous rendons à quelques pas de là, Rue Voltaire, pour visiter la chapelle de l'Adoration mais aussi dite chapelle des Pénitents. Elle est spécialement ouverte pour nous.
A la fin du XVI° siècle, le duc de Lesdiguères fait bâtir une nouvelle enceinte à la ville de Grenoble transformant ainsi l'ancien quartier Très Cloître en un quartier intra-muros. Dans ce secteur protégé, on construit alors au XVIIe et XVIIIe siècle une suite de rues neuves bordées de belles maisons et d'édifices religieux.
Sur la rue neuve des Pénitents, l'actuelle rue Voltaire l’ordre des pénitents du Gonfalon construit en 1657, la chapelle des Pénitents Blancs.
Intégrée dans l’immeuble, la chapelle ne se discerne que grâce à son portail sculpté.

Les Pénitents sont des catholiques, principalement des laïcs qui ont choisi de vivre leur foi au travers de règles spécifiques.
Les sources diffèrent concernant l'origine des Pénitents. Pour certains ils sont apparus à la fin du XIIe siècle, pour d'autres ils ne se constituèrent que dans les années 1400,
après le Concile de Trente.
Les Pénitents sont organisés en confréries d’hommes, de femmes ou mixtes. Contrairement à un ordre, chaque groupe est indépendant et placé sous l’autorité de l’Évêque du lieu.
Ils fonctionnent sous le système de l'espionnage. Ils doivent rapporter au Recteur tout manquement à l'ordre par l'un d'entre eux. Le recteur est élu par les membres; il est secondé par des 8 officiers
Ce sont des Communautés de prière et d’entraide, leurs actions sont charitables. A Grenoble les Pénitents blancs s'étaient donné pour mission de soutenir les condamnés à mort. Ils doivent visiter les condamnés à mort deux fois par semaine et doivent leur donner une sépulture descente.
Le lien entre frères subsiste au-delà de la mort, les Pénitents enterrent leurs défunts souvent dans leur chapelle jusqu’à l’interdiction des inhumations en milieu urbain,
et prient régulièrement pour eux.
La messe était obligatoire à 6h du matin en été, à 7h en hiver.

En 1739, l'ordre est rattaché à celui des Pénitents blancs .
Par la suite la chapelle a accueilli la Société de Charité chrétienne, la congrégation des pères de la Salette, les frères des Ecoles chrétiennes et les Œuvres de l'Adoration Réparatrice.
Aujourd'hui le culte russe orthodoxe de Grenoble y est célébré.

la chapelle a conservé son retable du XVIIe siècle, sculpté dans le bois.
Le maître-autel en marbre orné de têtes d'anges et de guirlandes de roses est aussi d'origine.

Les stalles en bois gothiques du XVe siècle proviennent de l'ancien couvent des sœurs cisterciennes de Crolles. Elles comportent des miséricordes finement sculptées.
Une miséricorde, appelée aussi patience ou crédence, est une petite console fixée à la partie inférieure du siège pliant d'une stalle de chœur.
Elle permet au clerc ou au moine qui participe à l'office divin de prendre appui sur elle lorsqu'il se tient debout et que son siège est relevé.

Nous continuons notre promenade et nous arrêtons devant le couvent sainte Cécile pour admirer le superbe portail du XVIIe siècle avec tous les attributs qui s'y rapportent : les flammes, les consoles,
les fruits, le fleurs, les feuilles d'acanthe de chêne...
Le couvent Sainte-Cécile a été fondé le 22 novembre 1624, jour de la Sainte-Cécile, qui donne ainsi son nom au couvent, pour les religieuses des Bernardines de Grenoble.
Le couvent Sainte-Cécile est aujourd'hui le siège social des éditions Glénat, de la Fondation et du Fonds de Dotation Glénat.

Une petite halte à la maison diocésaine pour admirer l'escalier en pierre du XVIIe siècle et ses balustres en fer forgé.

Nous poursuivons pour rejoindre rue Chenoise et nous visitons un ancien hôtel particulier l’hôtel de la famille Sautereau-Amal, Conseiller au Parlement.
Cette demeure construite vers 1500/1510 est caractéristique des édifices de la fin du Moyen-Âge avec ses fenêtres à meneaux. Lorsqu'on franchit la porte de l'hôtel
on débouche dans un passage voûté sur croisée d'ogives, puis sur une cour intérieure où l'on peut voir les galeries ouvertes de fenêtres à meneaux et une tourelles polygonale
qui loge l'escalier. Le bâtiment sur cour que nous allons visiter a été reconstruit au XVIIe siècle.
 
 Nous montons ces escaliers et traversons un long couloir avec un plafond à la française et débouchons sur l'appartement de la famille Sautereau-Amat, qui est aujourd'hui le siège de l'association Patrimoine et Développement.
Nous y voyons un magnifique plafond à la française du XVIIe siècle.
Les cartouches peints de paysage sont entourées de guirlandes avec ruban finement exécutées, mais aussi de palmes. Sur les traverses les peintures polychromes sont réalisées au pochoir. Nous pouvons constater l'état de parfaite conservation de ses peintures.

Nous terminons le circuit par la visite de la salle d'audience du Palais du Parlement du Dauphiné place Saint-André. C'est un bâtiment datant, pour sa partie la plus ancienne, de la fin du XVe siècle.
Il a été le siège du Parlement du Dauphiné jusqu'à la Révolution, puis palais de justice jusqu'en 2002.
Dans son architecture nous voyons du style gothique, du style renaissance et du style néo-classique.
Il est classé au titre des monuments historiques depuis 1889.
Nous visitons la salle d'apparat.

Le plafond en boiserie sculptée est un plafond typique du XVIIe siècle avec ses feuilles d'acanthes, ses sculptures et sa ronde de chérubins.

Sur les boiseries murales les sculptures représentent les feuilles de chêne, d'olivier, de lauriers...des palmes à la gloire du roi.
 

La tête du roi soleil en sculpture
 

La cheminée monumentale est d'époque Louis XIV

Nous pouvons aussi admirer une peinture monumentale de Philippe de Champaigne.

Philippe de Champaigne naquit le 26 mai 1602 à Bruxelles, et y étudia la peinture. En 1621, il arrive à Paris et est appelé en 1628 par Claude Maugis, intendant des bâtiments de Marie de Médicis pour laquelle il reçoit plusieurs commandes, notamment pour le Palais du Luxembourg.
Jusqu'en 1643, il travaille presque exclusivement pour le roi Louis XIII et le cardinal de Richelieu. A la mort de ses deux protecteurs, il devient portraitiste de la haute société ecclésiastique, noblesse d'épée et surtout parlementaire. Le tableau représente Abel Servien, ancien procureur du roi.

Cette salle d'apparat entièrement XVIIe siècle a servi de salle d'audience pour le Tribunal de Grenoble jusqu'en 2002 et aujourd'hui elle sert pour la réception de personnalités.

Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze