mercredi 30 septembre 2015

Le Palais Idéal du facteur Cheval


Construit par le facteur Ferdinand Cheval de 1879 à 1912, le Palais Idéal, est un monument situé à Hauterives dans le nord de la Drôme.

Le facteur Cheval l’appelle d’abord « le temple de la Nature » et c’est en 1904 qu’un poète grenoblois, Emile Roux-Parassac venu le visiter compose un poème et l’adresse au facteur Cheval. La poésie intitulée, Ton idéal, Ton Palais, est immédiatement adopté par le facteur Cheval. Le poème est gravé dans la pierre en 1911. Le Palais devient alors le Palais Idéal.

André Malraux considère le Palais comme le seul exemple d'architecture naïve et en décide le 23 septembre 1969 le classement au titre des monuments historiques

Il dit du Palais : « Qu’est-ce que le palais Idéal ? C’est le seul exemple en architecture d’art naïf. L’art naïf est un phénomène banal, connu de tous, mais qui n’a pas d’architecture… En un temps ou l’art naïf est devenu une réalité considérable, il serait enfantin de ne pas classer, quand c’est nous, Français, qui avons cette chance de la posséder, la seule architecture naïve du monde, et attendre qu’elle se détruise. »

En Avril 1879, lors d’une de ses tournées postales, Ferdinand Cheval, alors âgé de 43 ans va butter sur une pierre à forme bizarre qui lui rappelle un rêve : un palais féérique. A partir de ce moment là, il va consacrer 33 ans de sa vie à bâtir seul, un palais de rêve dans son potager, inspiré par la nature, les cartes postales et les premiers magazines illustrés.
Parcourant chaque jour une trentaine de kilomètres pour ses tournées en pleine campagne, il va ramasser des pierres, aidé de sa fidèle brouette. Il consacre en solitaire incompris, 33 ans, 10 000 journées, 93 000heures à son Palais sur lequel il grave « travail d’un seul homme ». Il le termine à l’âge de 76 ans en 1912, et trouve encore assez d’énergie pour construire pendant 8 ans son tombeau tout aussi singulier, au cimetière d’Hauterives. Il décède à l’âge de 88 ans.
Partout sur le bâtiment il a inséré des messages qui lui sont personnels et qui montrent sa philosophie.

Au cœur d’un jardin luxuriant, il imagine un palais inhabitable, peuplé d’un incroyable bestiaire : pieuvre, biche, caïman, éléphant, pélican, ours, oiseaux… Mais aussi des géants, des fées, des personnages mythologiques ou encore des cascades, des architectures de tous les continents.

C’est une œuvre architecturale inclassable unique au monde. Elle a été reconnue comme une œuvre d’art brut.

En 1945, Jean Dubuffet fait émerger le concept de l’art brut «Nous entendons par Art Brut des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, … Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions…».

Il reconnaîtra Ferdinand Cheval comme un véritable pionnier de l’art brut. Il évoque d’ailleurs le Facteur Cheval dans sa collection d’Art Brut qu’il a réunie à Lausanne.

Le Palais Idéal a fait l’admiration des surréalistes, et André Breton le considèrera comme un précurseur de l’architecture surréaliste. Il viendra à plusieurs reprises visiter le Palais idéal, accompagné d’autres artistes et notamment des photographes Denise Bellon et Léonora Carington (compagne de Max Ernst). Toutes deux réaliseront des photos du Palais idéal qui seront d’ailleurs exposées au Moma à New-York en 1936. André Breton, en 1932 rendra un hommage au Facteur Cheval à travers un poème intitulé : "Le Revolver à cheveux blancs".

De même, Max Ernst a réalisé une œuvre hommage à Ferdinand Cheval qui est exposée à la Fondation Guggenheim à Venise.

Niki de Saint Phalle vouait une admiration sans borne à Ferdinand Cheval.




Pour ma part je suis complètement subjuguée par cette œuvre représentant l'imaginaire de son créateur.
Art brut, art naïf, pour moi c'est tout simplement beau extraordinaire et exceptionnel.

11 août 2015


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

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